Fwd: Reminder

Fwd: Reminder

Un conteneur a été égaré. À l’intérieur, des vents tourbillonnants sont enfermés, ils résonnent comme des flûtes, comme un champ de roseaux, comme un corps d’exilés errant dans le désert. Dans les eaux de la Méditerranée, n’est-ce pas là que les croyants ont enduré la longue attente ?

Des retards, encore des retards. Des retards historiques.

Des corps contraints. Des corps sous injonction restrictive ; une certaine distance de cent kilomètres de piliers de béton. Ils ne veulent pas rester, car ce n’est pas leur terre promise. C’est la nôtre, bien que cela ait failli ne pas l’être – une voie ferrée jusqu’au port, une route commerciale précipitée, une zone tampon contre l’expansion, une station balnéaire offshore, toute une région laissée de côté, une révision des frontières maritimes, une île échangée contre la tranquillité d’esprit, un village de conteneurs sur la côte nord. Qu’est-ce qui rend un pays fragile ?

‍

Fwd: Reminder est une installation récemment créée par Bora Baboçi, qui s’interroge sur les zones situées près des ports et des routes commerciales, là où les échanges et les négociations déplacent les frontières fragiles le long du littoral méditerranéen.

Aujourd’hui, dans un autre vocabulaire : centres de migration extraterritoriaux, prestataires de services offshore, statut incertain des propriétés et de la législation – ces espaces n’ont guère connu autre chose que la perte de l’intégrité des lieux où ils se trouvent, ainsi que celle des individus déplacés entre eux, ne laissant derrière que l’aliénation et l’arrachement.

Les personnes – en tant qu’individus et représentantes de leurs circonstances – sont prises dans des cycles continus d’attente et de mouvement. Elles se retrouvent dans un état de suspension, redirigées, contraintes de circuler à travers ces zones précaires, souvent situées sur les rives les plus pauvres de la Méditerranée, sans jamais vraiment atteindre leur destination prévue.

Fwd: Reminder évoque l’expérience de l’exil, de l’épuisement et de la répétition dans un état presque rituel, faisant penser à un voyage à travers des terres arides, ou à un appel, une plainte ou une prière restée sans réponse.

‍

Voix : Mihal Kaçi, Alvaro Çenko, Rudian Zia, Rubin Oslo Ceka, Juliano Zholi, Alban Cenko, Kimeld Cenko‍

Production des voix : Edit Pula‍

Ingénieur du son : Endri Pine

‍Texte : Bora Baboçi, Rina Meta‍

Photographie : Esad Duraki

‍
Œuvre créée dans le cadre du Festival Art Explora Durrës « Des villes et des femmes : une flûte, une cloche, des eaux », commissariat : Arnisa Zeqo, production : Anima Pictures.